Lorsque l’on parle de faire du stop, surtout en étant une femme, on entend souvent des commentaires s’exclamant de la dangerosité de la chose. Célia en a entendu plein de la part de ses amis quand elle leur a annoncé qu’elle projetait de partir traverser la France grâce à ce moyen. Agée de seulement 21 ans, cette jeune aventurière a pris la décision de faire ce voyage afin de créer un podcast nommé « placarde ta colère » sur le mouvement des collages féministes qu’elle considère comme « jugés à tort ». C’est l’association Zellidja* qui lui donne cette opportunité. Cette association offre une bourse de voyage à des jeunes entre 16 et 20 ans pour qu’ils partent un mois minimum avec un projet d’études.
« Une des caractéristiques de Zellidja, c’est que l’on doit partir seul. Ça permet de sortir de sa zone de confort et de se confronter à plusieurs défis, explique-t-elle. J’avais déjà fait un premier voyage en Norvège, et j’avais très envie d’en faire un second autre part. »
Souhaitant tout d’abord parler des femens en Ukraine, les circonstances actuelles la poussent à changer d’idée. C’est à ce moment là qu’elle décide de se pencher sur les collages féministes.
« Je voulais rester sur le thème du féminisme qui me tient très à cœur. En plus, j’ai trouvé ça important de donner de la visibilité aux colleureuses*. »
Le sujet enfin choisi, elle donne les dates approximatives de son voyage à l’association, et commence à contacter les différents collectifs de collages pour pouvoir les rencontrer.
Dans le but de faire des économies, elle fait ce qu’on appelle du Couchsurfing*, qui consiste à dormir chez l’habitant gratuitement, et elle privilégie le stop pour se déplacer.
« Le plus dur ça a été de faire du stop au tout début, parce que c’était ma première fois. Je me demandais s’il y avait une manière de faire ou si les gens allaient s’arrêter. J’étais vraiment stressée, je me suis même renseigné sur les manières de me défendre au cas où il arriverait quelque chose. Je n’arrêtais pas de regarder des témoignages de femmes qui en avaient fait, rigole-t-elle. Mais finalement, ça s’est toujours bien passé. »
Célia est déjà passé par cinq villes différentes : Dijon, Annecy, Clermont-Ferrand, Nîmes et est désormais à Strasbourg, où elle rencontre dans chacune d’elle les colleureuses qui s’y trouvent.
« Les rencontres avec les collectifs se font dans un endroit public. Je les interviewe en groupe, c’est toujours plus rassurant pour eux, explique-t-elle. Une fois rentré dans leur intimité, on voit à quel point c’est chaleureux. »
Sa destination finale ? Le collectif des colleureuses d’Allemagne. Du moins, elle l’espère. Ses messages sont sans réponses pour le moment, ou bien les interlocuteurs qu’elle arrive à avoir changent à chaque fois.
Mais peu importe les difficultés qu’elle rencontre, l’aventure qu’elle entreprend depuis plusieurs semaines n’a que des points positifs.
« Dernièrement j’étais à Nîmes, et j’avais beaucoup de mal à trouver des contacts et des assos féministes, commence-t-elle avec un grand sourire sur les lèvres. Comme dans les autres villes que j’ai visitées, j’ai fait le tour des cafés solidaires et des lieux alternatifs, et je me suis arrêtée au café d’Anaïs. Là-bas j’ai rencontré deux bénévoles adorables avec lesquelles un lien s’est rapidement créé. Elles ont tout de suite voulu m’aider quand je leur ai dit que j’allais interviewer des femmes dans la rue, et m’ont même donné des contacts intéressants ! »
Célia lâche un rire léger en se remémorant ses deux bienfaitrices.
« Ça m’a énormément touché cette spontanéité à m’aider dont elles ont fait preuve. »
Son excursion n’est pas finie, pourtant, notre chère voyageuse se sent grandie. Les expériences vécues lors des jours précédents lui ont permis de se rendre compte de ses propres capacités.
« J’étais peut-être un peu trop centré sur ce que je connaissais déjà, et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas encore, ajoute-t-elle. »
Elle raconte que plus que des connaissances, ce sont de nouvelles manières de vivre qu’elle entrevoit. Car s’il y a bien une chose qu’elle a appris comparé à ses autres voyages, c’est qu’elle est bien dépendante des autres.
« Si la personne qui m’héberge me donne un double des clés, c’est pratique alors que parfois, je dois rester de 8h à 18h dehors parce que la personne n’est pas là. Je n’ai pas l’habitude de vivre avec les autres, je suis plus du genre à aimer mes moments de solitude, avoue-t-elle. Dans ces situations je dois m’adapter aux autres. »
Sortant d’un BTS commerce international, Célia ne sait pas encore ce qu’elle va faire après la fin de ce chapitre de sa vie. Ce qui est sûr, c’est que ses aventures ne s’arrêteront pas à celle-ci : elle prévoit de participer au 4LTrophy*, un rallye d’orientation à faire dans une 4L, et ce jusqu’aux dunes du Sahara. Et peu importe où elle ira après, ses expériences lui seront toujours bénéfiques, d’une manière ou d’une autre.
Cherchant les mots justes un instant, elle finit par conclure : « Bien s’entourer est la chose la plus compliquée, mais une fois faite, le premier pas vers votre projet vous paraîtra beaucoup moins difficile à faire que prévu. Parce que ces personnes-là seront présentes pour vous rassurer et vous pousser vers le haut. »
Interview de Célia Lépine, 21 ans
Instagram : lia_en_vadrouille
2* Les colleureuses est un mot en écriture inclusive désignant les colleurs et colleuses qui s’occupent des collages féministes.
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